Repérant les côtés « roots » de mes chers collègues, et suite à quelques discussions ironiques, je décidais de faire une synthèse résumant mes nombreuses observations. Ayant côtoyé et vécu ponctuellement avec des roots en l’espace d’une dizaine d’années, je reconnais avoir des valeurs morales proche des roots. Je n’adhère cependant pas à tous leurs rituels…
Je précise que cette synthèse tient à décrire l’archétype du roots français.
Au regard de mon esprit très critique et de ma prudence, j’anticipe vos réactions, vous comprendrez je l’espère, le ton ironique employé, oui je sais, je mets les gens dans des cases, et je suis discriminante, « c’est pas vrai qu’ils sont tous comme ça !! »
Introduction
définition étymologique : roots, « racines » en anglais, qui pourrait définir ce qui est pur, dénué de tout artifice.
Le roots s’inspire largement du mouvement hippie des années 60, cependant, avec la modernité, le terme roots a pris de plus en plus d’ampleur, s’ouvrant à diverses cultures. Fidèle à ses valeurs éthiques, il a cherché à s’intellectualiser pour la concrétisation d’un monde meilleur. Comment le définir et le reconnaître ? je tenterais d’aborder son éthique, son apparence et ses centres d’intérêts, sans omettre ma conclusion personnelle…
1. Son ethique
- L’égalité
Le roots aspire à la paix universelle, il est avant tout contre toute forme de discrimination. Il ne supporte pas les inégalités. Il est contre la hiérarchie, puisqu’elle s’oppose à leur principe d’égalité. Il ne peut pas concevoir l’existence d’un chef.
Il méprise les riches, car riches = égoïstes.
Il a une forte tendance à trouver les « minorités » mieux que les autres. Il se rapproche donc volontairement des pauvres, des minorités visibles, des handicapés, des roms, des homos, des racailles, etc… en résumé des groupes victimes de discrimination.
La fille roots est plutôt féministe. Elle ne veut pas être réduite à être une faible femme au foyer. Pour le prouver, elle s’adonne à des tâches masculines : creuser des trous, porter des pierres, etc… plus c’est dur physiquement, plus c’est motivant.
- La nature et la santé
Le roots n’aime pas la modernité et l’urbanisme, car tout cela est artificiel et mène à la décadence humaine. Le roots s’intéresse de près à l’environnement. Il lutte pour le développement durable. Il a en général un minimum de connaissances en botanique.
Proche de la nature, il préfère évidemment la vie rurale, beaucoup plus conviviale et saine. Il dénigre le confort matériel car superficiel.
Grand adepte du recyclage, il a un compost au fond de son jardin.
Il aime jardiner, mais avant tout cultiver son propre cannabis.
Quand il est davantage concerné par la santé, il préfère la médecine douce qui s’oppose aux effets néfastes des médicaments. Il s’intéresse notamment à la médecine asiatique : yoga, ayurveda, feng-shui, shiatsu, acupuncture…
Soucieux de sa santé et sensible à l’écologie, il consomme idéalement du bio, est anti-ogm et comprend les intérêts d’une consommation locale et de légumes et fruits saisonniers. Les filles sont souvent végétariennes.
Voici un petit aperçu de ce que pourrait contenir son assiette au quotidien :
quinoa, lentilles, épeautre, flocons d’avoine, topinambour, patate douce, panais etc… ceci parsemé de diverses plantes aromatiques ou épices.
- La sensibilisation
Conscient du bien de ses valeurs morales, il ne néglige jamais la sensibilisation de ses valeurs, et la pédagogie. Friand de formations, il aime créer des ateliers à thème, et fait preuve de créativité en éducation non-formelle.
2. Son apparence
- Son physique
Le look vestimentaire est un argument à affirmer son identité, mais également à montrer son argent. Le roots n’aime pas ce qui est superficiel. Ayant une vision fort négative de l’argent, il aime les vêtements sans marque, usés, et encore mieux, d’inspiration exotique. Le top du top est le vêtement qu’on a ramené lors d’un voyage en Afrique (chemise en chanvre, sarouel, sac coloré etc…).
Dans le plus symbolique des cas, il est coiffé de dreads, par respect pour ses frères africains. Il se balade parfois pieds nus en été, afin de sentir la pureté du sol. Il se laisse souvent pousser la barbe, car perdre du temps pour son apparence est superficiel.
Il est plutôt bordélique, mais en est fier. Son hygiène est parfois douteuse.
Il aime les couleurs vives, ses couleurs préférées sont le vert jaune rouge, par respect pour ses frères rasta.
Sa poche contient du tabac à rouler, des filtres et des feuilles.
- Son caractère / sociabilité
Souvent ouvert et extraverti. S’opposant fermement à l’individualisme, il affectionne la vie en communauté et le partage, avec un grand souci d’égalité et d’esprit coopératif. Peu productif et assez lent (mais convaincu d’en faire trop), il aime prendre son temps pour se « détendre » et s’impliquer dans des réunions interminables.
Il aime les feux de camp, car le cercle favorise la convivialité, voire symbolise l’égalité. De même, le feu est propice à l’intimité.
Il n’aime pas le formalisme, et emploie de préférence le tutoiement (puisqu’on est tous égaux).
Libertaire et anti-conformiste, il n’aime pas les parcours tracés et déteste ce qui est kitsch. Quand il est brillant, il a souvent du mal à trouver sa voie.
Aimant se marginaliser, il a tendance à trouver le petit détail qui tue pour le prouver.
Ses activités sexuelles ou sa consommation de shit sont peu modérées.
3. Sa culture / centres d’intêrets
- Les voyages
Issu d’un milieu plutôt aisé, il a l’occasion de s’intellectualiser.
Il s’intéresse aux autres cultures et adore voyager de façon imprévue, sans préparation. Il connaît les techniques d’auto-stop ou même de survie. Le tourisme, c’est pour les blaireaux. Ses destinations préférées sont par ordre de probabilité l’Afrique, ensuite l’Amérique du sud, l’Inde ou plus récemment la Thaïlande. Malgré son ouverture culturelle, le shit pas cher est souvent l’élément motivant sa destination.
Sensible à la misère du monde, il affectionne particulièrement les pays « en voie de développement » car les « pauvres » sont moins matérialistes, plus généreux et plus humains que les riches.
- L’art
Grand amateur de musique, il apprécie les chansons engagées, et inévitablement le reggae.
Préférant les instruments nomades, il fait souvent preuve de talent avec la guitare, l’accordéon, l’harmonica, le didgeridoo et le djembé.
Il aime l’art populaire et de rue, il se passionne parfois pour la culture médiévale ou urbaine.
Théâtre, cirque, jonglage, bolasses, graffitis…
Il aime particulièrement les travaux manuels (car cela s’oppose à l’industrialisation), ce qui donne de bonnes idées d’ateliers : charpenterie (construire des toilettes sèches), maçonnerie, activités d’expression artistique, jardinage, cuisine etc…
4. Comment devenir roots ?
Voici un tableau pratique résumant le bien du mal :
BIEN |
MAL |
Principe moral |
liberté-égalité-fraternité | monarchie |
égalité |
immigrés | blancs de droite | |
pauvres | riches | |
coopération | individualisme | |
feu de camp | haute gastronomie | |
cercle | pyramide | |
campagne | ville |
écologie |
auto-stop | avion | |
bio | mcdo | |
camping | hôtel 5 étoiles | |
tabac à rouler | cigarettes industrielles | |
toilettes sèches | broyeur | |
médecine douce | médocs | |
compost | plastique | |
livre | télé |
intellectualisme |
savoir-faire | made in china | |
bolasses | smartphone | |
polygamie | mariage |
liberté |
cannabis | absence de cannabis | |
éducation non-formelle | endoctrinement | |
hoodie rasta | costar |
ouverture culturelle |
keffieh | cravate | |
voyage en sac à dos | tourisme conventionnel |
Conclusion (personnelle et honnête)
Le roots a des valeurs morales humanistes, il lutte contre l’injustice, cherche à se cultiver, et sait faire preuve de créativité pour mener à bien ses projets. Malgré ses bonnes idées, il est souvent aveuglé par son esprit d’opposition au « mal ». Il est à mon humble avis un peu trop « détendu », contradictoire quand ça l’arrange, souvent hypocrite et très manichéen.
Convaincu d’être le bien contre le mal, le vrai roots digne de ce nom ne baisse jamais les bras.
rédigé en octobre 2013